le blog des Universités populaires


Dans le sillage de Michel Onfray, depuis 2002, des universités populaires se sont créées un peu partout en France. Leur ambition : produire et partager gratuitement des savoirs critiques. TVREZE.fr, invitée à Lyon pour exposer son expérience de diffusion en tant que médias citoyens, donne la parole à quelques personnalités, qui par leurs initiatives locales, fondent aujourd'hui le renouveau des universités populaires. Au micro de l'équipe de TVREZE, elles évoquent leurs liens à ce mouvement de pensée d'initiative citoyenne.


Texte Par Philippe Corcuff


Introduction 

Je vais proposer quelques pistes pour repenser les rapports entre l’individuel et le collectif. J’emprunterai ce que je vais dire de la reproblématisation des rapports entre individuel et collectif engagé dans un livre collectif à paraître de l’association altermondialiste Attac France, auquel j’ai collaboré et qui s’intitule Le capitalisme contre les individus – Repères altermondialistes. Il paraîtra en septembre dans la collection « Petite encyclopédie critique » des éditions Textuel, proche de l’esprit des universités populaires, que je co-anime avec mon compère de l’UP de Lyon Lilian Mathieu. Je suivrai trois grandes étapes :

1) une approche de l’individu en termes de relations sociales ;

2) la critique du capitalisme et l’émancipation individuelle ;

et 3) le traitement par Pierre Bourdieu de la singularité individuelle.

Je terminerai sur un 4èmepoint, qui ne sera qu’une ouverture au travail proprement dit de l’atelier autour des conséquences à tirer de ces analyses quant aux pratiques des UP alternatives.

Par Michel Tozzi, UP Narbonne et Perpignan


Les UP, entre tradition et modernité  Rapport au savoir et rapport au pouvoir

Première question : 

Les Universités Populaires (UP) se situent et se réclament de plusieurs  traditions, mais invoquent beaucoup l’éducation populaire. Il y a historiquement dans cette éducation populaire deux influences : 

- celle de l’idéologie des Lumières, d’orientation républicaine, qui cherche à diffuser le savoir à tous par l’instruction magistrale; les plus grands savants de la République mette le patrimoine universel à disposition du peuple ; 

- celles de l’éducation nouvelle, plus récente, d’orientation démocrate, qui cherche à ce que le peuple s’approprie ce savoir, en s’appuyant sur des méthodes actives et une conception socio-constructiviste de l’apprentissage.

La rencontre de ces traditions est en France assez explosive : cela donne d’un côté le cours magistral de haut niveau des républicains, de l’autrel’atelier des pédagogues où se construit collectivement le savoir et son appropriation. 

Le style de M. Onfray est significatif de cette hésitation, qui esquisse un compromis : une demi heure de conférence, et une heure de débat à partir de cet apport. 

La question est de savoir comment se situer théoriquement, politiquement et pédagogiquement dans cette articulation certainement souhaitable, mais difficile, entre le cours et l’atelier. Où comment diffuser un savoir pour qu’on se l’approprie vraiment ? 
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