Mardi 12 janvier 2010
A 17h15, le tremblement frappe l’île de la Gônave pendant environ 25 à 30 secondes avec un bruit incroyable. J’ai vu tout bouger dans tous les sens. J’étais dans le jardin à 5m de la maison ; ça bougeait dans tous les sens et ça criait. Heureusement, les habitants ne vivent pas dans les maisons pendant la journée !
Beaucoup de maisons sont endommagées ; des maisons entières sont détruites. C’est vraiment la panique générale. Les cris des gens résonnent dans le village partout.
Après 3 répliques, j’ai demandé aux gens de ne pas dormir dans la maison par crainte d’autres répliques. La maison de l’association n’a pas trop souffert. Les panneaux ne sont pas encore vérifiés ni la citerne ;
la priorité, c’est pour les gens : s’il y a des blessés ou non, ou s’ils ont besoin d’être secourus comme ici à la Gônave, ça n’existe pas les moyens de secours. Pour l’instant, il ne reste que les affaires personnelles à déblayer sous les combles. Pour l’instant, pas de communication avec le monde extérieur : le téléphone ne marche pas, la radio non plus, sauf le France Inter International qui annonce cette nouvelle ; on demande aux gens de ne pas rester dans les maisons : ils n’ont pas d’endroit pour passer la nuit ; moi, je dois monter une tente pour la nuit. Nous avons passé la nuit sous deux toiles de tente.
C’est par la radio que nous avons appris la force du tremblement de terre qui a frappé à 17h.
La force était de 7,9 et quelques minutes plus tard de 7,4. Il y a eu plus d’une dizaine de répliques.
Il est 3heures du matin
Le téléphone ne marche toujours pas ni l’électricité dans la capitale.
Tout le monde est dans la rue dans la capitale haïtienne et sous les décombres, sans eau, sans électricité et sans les moyens de premiers secours. D’après la radio 90.6, il y a des coins qui sont complètement rasés de la carte même le palais national, d’après la radio, est touché. Moi, j’ai décidé d’aller sur place le jeudi 14 janvier 2010.
Le 13 janvier, comme ici dans le village, il y a beaucoup de maisons détruites, je préfère rester pour faire l’inventaire avec les villageois.
A 10h55, une 3ème réplique. Comme le téléphone ne marche pas, j’ai décidé de prendre la route pour Port au Prince parce que j’ai appris à la radio qu’il y avait beaucoup de morts encore sous les décombres dans la capitale, j’ai décidé d’y aller apporter mon aide.
Dans la 11ème section, pas de morts, beaucoup de dégâts : les maisons sont détruites, tous les greniers sont détruits, les récoltes sont à portée des animaux, tous les gens sont dans la rue. Je n’ai aucune nouvelle de mes sœurs qui habitent à Port au Prince. Je n’ai pas le choix.
Mercredi 13 janvier 2010
Depuis le matin, j’ai travaillé avec les gens pour faire un 1er bilan sur 4 communes.
Voici les résultats de la commune de Boucanlamare et de celle de Nan Baka (en pièce jointe). Il reste les communes de Polaton Letan, Luberan, Font Plaisir que je n’ai pas enregistrés.
Puis, je décide de descendre pour voyager malgré que la terre continue à trembler et je suis resté à passer la nuit dans la voiture par mesure de sécurité. Pour aider tous les gens de cette localité à reconstruire les maisons, il nous faut 5900 sacs de ciment environ en sachant que le prix d’un sac de ciment est de 300 gourdes (environ 6€) actuellement, sans compter le transport. *
Jeudi 14 janvier 2010 A 6 heures du matin
J'ai pris le voilier (love) pour me rendre à Arcahaie. Et après direction Port au Prince avec 3 valises, une tente et 3 kilos de médicaments.
Quand je suis arrivé dans la capitale, impossible d’apporter de l’aide. Rien n’est organisé, pas de moyen de transport et de communication, aucun centre de soins. Les cadavres sont dans la rue partout ou sous les ruines. Les enfants crient sous les ruines et les autres bâtiments. Les blessés sont partout. Pas d’eau potable, tous les magasins sont fermés ou écrasés. Il y a du pillage partout. Tous les gens sont dans la rue.
Tous les bâtiments de l’Etat sont par terre avec les employés. Le Palais National est à refaire, la DGCI (Direction Générale du Centre des Impôts) est complètement détruite, la Chambre de commerce à plus de 80%. Les bâtiments sont touchés, des quartiers entiers sont rayés de la carte.
Si on regarde la rue Pavée, tous les bâtiments sont touchés. La ville de Léogane est détruite à plus de 80% : toutes les maisons sont par terre.
Après la visite de Port au Prince, j’ai décidé de rentrer à la Gônave parce que l’insécurité commence à se faire sentir. Rien n’est organisé, dans toutes les rues des affaires sont éparpillées, les magasins sont détruits ou ils sont fermés, pas d’eau potable, pas d’endroits pour regrouper les gens. Tous les gens sont dans tous les coins de la rue pour passer la nuit : pas de matelas, pas de sacs de couchage, les enfants sont par terre ou sur un morceau de carton dans différents coins de rue.
Pour l’instant, nous avons besoin de tout comme des tentes, des premiers soins. Les bateaux aident ; ils empilent la population qui traverse le golfe de la Gônave de la Gônave à Arcahaie gratuitement pendant 4 jours, ce qui favorise beaucoup de gens pour aller voir les parents qui sont à Port au Prince et favorise aussi le retour des gens à la Gônave.
D’après les constats et les témoignages des gens, la situation va s’aggraver très rapidement, on peut dire dans les jours à venir. Toutes les maisons sont écrasées à plus de 80% à Léogane, la banque de Léogane est écrasée, l’église écrasée…tout le monde est dans la rue : pas de tentes. L’orphelinat est tombé net avec tous les enfants dedans et jusqu’à vendredi, personne n’a porté secours pour les aider. Il y a beaucoup de cadavres dans la rue de Léogane. Dans le grand cimetière, ils ont fait une fosse commune pour mettre tous les morts.
Au téléphone, le samedi 16 janvier 2010 à 23h15 : « Le plus urgent est de reconstruire les maisons car le si peu de nourriture de réserve est dehors et les animaux se servent et font des dégâts. Beaucoup de population arrive actuellement de Port au Prince. La nourriture va devenir un gros problème de même que l'acheminement : la gazoline (l’essence) devient rare. »
Jules Bert, Président de l'asso SoleyLakay qui est sur place en Haiti